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Billet octobre 2016

Les sciences de la consommation : un domaine d’étude qu’on gagne à connaître!

Entrevue avec M. Réal Coallier, figure importante au Québec en matière de protection du consommateur.

Retraité depuis peu, M. Réal Coallier a œuvré pendant 35 ans à l’Office de la protection du consommateur (OPC), notamment à titre de directeur régional des bureaux de Longueuil, Saint-Jérôme et Montréal. C'est dans ce cadre qu'il eut l'occasion de superviser plusieurs étudiants-stagiaires du baccalauréat en sciences de la consommation. Nous l'avons contacté afin de recueillir ses impressions sur le programme et ses étudiants, ainsi que sur son expérience en tant que superviseur de stage. 


M. Coallier, pourriez-vous nous raconter votre parcours professionnel au sein de l’Office de la protection du consommateur?

J’ai commencé ma carrière à titre d’agent de la protection du consommateur, mais comme j’avais un baccalauréat en communication, on m’a confié très rapidement la direction d’un bureau; d’abord celui de Longueuil, ensuite celui de Saint-Jérôme puis enfin celui de Montréal. Un des principaux rôles d’un directeur régional est d’agir à titre de relationniste pour l’Office; j'ai donc participé à de nombreuses émissions de télévision et de radio. Le plus gros bureau de l’OPC est celui de Montréal. Il va de soi que les demandes d’entrevues des journalistes étaient très élevées, j’en ai donc fait plusieurs pendant ma carrière.

J’ai également développé un projet qui visait à organiser des sessions d’informations à l'intention des communautés ethniques de Montréal. Ces gens, qui proviennent de pays étrangers, doivent nécessairement consommer lorsqu’ils arrivent ici. Ils doivent donc connaitre les règles du jeu afin d’éviter de se faire avoir. Ainsi, les ateliers avaient comme objectif principal d’aider ces nouveaux arrivants à mieux se méfier des fraudeurs. 

Vous avez supervisé plusieurs stagiaires en sciences de la consommation pendant votre carrière. Pourriez-vous nous en parler?

Selon moi, un stage ne devrait pas être fait à la sauvette. Quand j’étais étudiant, j’ai fait un stage dans une entreprise de recherche en communication. Mes superviseurs avaient établi un mandat spécifique que je devais accomplir. C’est un peu ce point de vue que j’ai amené à mes confrères  et consoeurs à l’Office, c’est-à-dire que si tu ne veux pas avoir de stagiaires universitaires et bien tu ne dois pas en recruter. Nous avions donc un réel besoin de stagiaires spécialisés, pas seulement des étudiants qui répondent au téléphone ou qui préparent du café.
J’avais une entente avec Jocelyne Lévesque sur le type de stagiaire que je recherchais, c'est-à-dire quelqu'un faisant preuve de débrouillardise et d'autonomie. C'est d'ailleurs ce que j’ai obtenu de la majorité des stagiaires que j’ai supervisés. Il était important aussi que les stagiaires apportent un élément nouveau à l’Office, une spécialisation en quelque sorte. Par exemple, il est arrivé que nous ayons besoin de sonder les consommateurs. Ainsi, les stagiaires en consommation étaient parfaitement en mesure de relever ce mandat. Je recherchais également des gens bien « articulés » et qui savaient bien écrire, évidemment. Cela étant dit, j’ai déjà eu des stagiaires qui m’ont dit, à la fin de leur stage, qu’ils allaient suivre un cours de français. C’est un peu ça le but d’un stage, de permettre à l’étudiant de reconnaître ses forces mais aussi et surtout ses faiblesses.


Selon vous, qu’est-ce qui distingue les étudiants en sciences de la consommation de ceux des autres programmes universitaires connexes ?

D’abord, nous sommes dans la même « business ». Si j’étais un employé au ministère des Finances ou encore un directeur des ressources humaines, j’irais recruter du côté de l’administration. Étant donné que je travaillais dans le monde de la consommation, il allait de soi que je devais recruter des étudiants en sciences de la consommation. Cependant, ce qui est intéressant avec ce programme d’étude, c'est qu'il ne se limite pas à la consommation elle-même. Les étudiants sont aussi formés pour faire des analyses de qualité, des plans marketing, de la communication; ils sont formés pour effectuer différentes tâches connexes, qui ne sont pas toujours en lien direct avec le monde de la consommation. 


Selon vous, pourquoi les entreprises et les médias devraient-ils s’intéresser à ce programme d’étude?

Pourquoi? Et bien si les entreprises ne connaissent pas la qualité des étudiants et la qualité de la formation offerte, elles ne seront pas en mesure d’évaluer les atouts des candidats qu’elles passent en entrevue. Je connais beaucoup d’étudiants en consommation qui se sont retrouvés dans des ministères, ou encore à l’Autorité des marchés financiers. Une de mes anciennes stagiaires travaille maintenant à l’Office de la protection du consommateur comme chercheuse, une autre est au Mouvement Desjardins. On voit qu’il y a beaucoup de débouchés en consommation, mais est-ce que les entreprises les connaissent? Je ne sais pas. Ce que je sais c’est que c’est un programme peu connu. Souvent je me demande pourquoi les médias ne contactent-ils pas plus souvent les professeurs en sciences de la consommation? Ceux-ci sont spécialisés dans la compréhension du consommateur, il faut donc qu’ils deviennent une référence pour les médias selon moi.

Votre expérience au sein de l’OPC vous a certainement permis de développer une compréhension approfondie des comportements de consommation et des changements rapides qui peuvent s’opérer quant aux attentes des consommateurs. Quels rôles auront à jouer ces spécialistes de la consommation dans les prochaines années, selon vous?

L’Office de la protection du consommateur n’a pas de département de recherche depuis 1995 environ, ce qui fait que les derniers rapports sur les habitudes de consommation datent des années 90’. Les directeurs des bureaux régionaux et les agents de la protection des consommateurs sont des spécialistes des lois. Ils ne comprennent pas nécessairement les attitudes ou les comportements des consommateurs. C’est pourquoi les spécialistes en consommation sont importants pour l’Office, car ils nous permettent de mieux comprendre notre clientèle sous l'angle de leurs habitudes de consommation, et pas seulement d'un point de vue légal.

 

Merci M. Coallier !

 

Justin MacNaughton
Bachelier et candidat à la maitrise en sciences de la consommation
justin.macnaughton.1@ulaval.ca

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