Aller au contenu principal

Billet mars 2024

Qualité de l’air dans nos maisons : les dessous du test

«Mmmm ça sent le propre !», qui n’a pas entendu ou prononcé cette phrase ? Mais, est-ce que l’air que l’on respire dans nos maisons est aussi sain que l’on pense ? Pour le savoir, il faut le tester, et c’est ce qu’a fait l’équipe de Verdict santé dans trois résidences.

La qualité de l’air dans les maisons est un domaine assez vaste et dépend de nombreux facteurs, comme la présence d’humidité, la fumée de cigarette, l’entreposage de produits solvants, l’usage d’un foyer ou d’un poêle à bois, la proximité avec un axe routier, etc. Les effets sur la santé des contaminants de l’air sont bien connus. Selon Santé Canada, ils causent des irritations aux yeux, au nez et à la gorge, des saignements de nez et de la toux. Ils favorisent aussi les infections respiratoires à répétition, et aggravent les symptômes d’asthme, d’allergies et de bronchite chronique. Certaines personnes ressentent même des maux de tête, des étourdissements, de la nausée, de la fatigue, de la difficulté à se concentrer et des démangeaisons cutanées.

C’est avec cette prémisse que nous avons organisé une première rencontre avec des membres de l’équipe des tests et de la rédaction. Le point de départ? Établir ce que l’on souhaite mesurer et comment on pense pouvoir le faire. Catherine Crépeau, la rédactrice en chef de Verdict santé a exposé sa vision idéale du dossier : visiter quelques maisons, dans lesquelles seraient effectués des tests de qualité de l’air pour déterminer quels sont les polluants les plus présents parmi une liste définie au préalable. Cette liste contiendrait notamment des polluants provenant de la rue (particules fines, poussière, autres), des produits d’entretien ménager et des désodorisants, des parfums ou autres. On rechercherait ensuite lesquels sont présents et en quelle quantité. 

De l’élaboration du protocole à la publication des résultats, il peut s’écouler plusieurs mois. C’est le temps nécessaire pour s’assurer de bâtir un test rigoureux et fiable.

La pré recherche

Grâce à sa pré recherche, Capucine Cloutier, la chargée de projets responsable de coordonner et de superviser les tests pour ce dossier, a pu dresser la liste des contaminants que nous voulions vérifier et se mettre à la recherche d’un laboratoire spécialisé en analyse de qualité de l’air. 

Ce laboratoire allait devoir mesurer la qualité de l’air dans trois résidences, notamment la présence de particules fines et de composés organiques volatils (COV). Il devait également évaluer une douzaine de produits destinés à assainir l’air ou parfumer la maison et analyser également quelles quantités de COV et de particules fines étaient dégagées lors de leur utilisation. Enfin, le laboratoire devrait rechercher les mêmes contaminants chimiques lors de l’utilisation de nettoyants tout usage en spray et liquide. 

C’est l’entreprise Nvira qui a été choisie pour effectuer ces différents tests. Nous avons ensuite sélectionné trois résidences qui présentaient un certain nombre de caractéristiques parmi les suivantes :

  • Antécédents ou présence de moisissures ou d’humidité importante (mauvaise isolation)
  • Historique de dégâts d’eau ou d’infiltration
  • Localisation à proximité d’une autoroute, d’une usine ou toute autre activité polluante
  • Problèmes d’odeurs dans la maison
  • Grande quantité de plantes
  • Tabagisme, usage de bougies, encens
  • Rénovations récentes
  • Aération insuffisante
  • Sous-sol ou garage

Les mesures

En septembre 2023, l’expert de Nvira s’est rendu dans chacune des résidences afin d’en évaluer la qualité de l’air intérieur. Les demeures étaient âgées d’environ 110 ans, 70 ans et 30 ans. Au moment des visites, les lieux n’avaient pas été ventilés depuis plus de 24 heures.

Les échantillons récoltés ont été analysés par un laboratoire de microbiologie agréé par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (ISO 17025).

Les paramètres suivants ont été évalués : la température, le taux d’humidité relative, les taux de dioxyde de carbone (CO2) et de monoxyde de carbone (CO), les levures et moisissures viables dans l’air, les concentrations de spores totales (particules fongiques, pollens, etc.), la quantité de particules fines (diamètre égal ou inférieur à 2,5 ou 10 microns), la concentration de composés organiques volatils totaux (COVT), de formaldéhyde, de dioxyde d’azote (NO2) et de radon (testé sur trois mois). 

Pour les matériaux, des analyses ont été réalisées sur les tâches possiblement causées par des moisissures et le taux d’humidité a été mesuré au niveau des matériaux susceptibles d’être mouillés (en bordure de fenêtres, de portes, et autour des robinets ou de la toilette, par exemple).

L’analyse

L’évaluation de la qualité de l’air se base sur la comparaison entre les résultats obtenus dans les résidences, et les normes et recommandations applicables telles que celles de Santé Canada, du Règlement sur la santé et la sécurité du travail, de l’American Society of Heating, du Refrigerating and Air-Conditioning Engineers, de l’Organisation mondiale de la santé, du National Ambient Air Quality Standard et de la Commission européenne, entre autres. 

Nous avons aussi demandé à des experts, dans l’éventualité où des rénovations seraient envisagées, quels matériaux pourraient contenir de l’amiante ou du plomb et quelles mesures de sécurité devraient alors être prises. 

Enfin une inspection visuelle a été réalisée en conformité avec les bonnes pratiques de l’industrie dans le but de rechercher tout signe de détérioration, de noter tout aspect particulier pouvant influer sur les paramètres évalués afin de maximiser l’interprétation des résultats et les recommandations faites aux propriétaires des résidences, et de cibler les endroits suspects ou à risque où le taux d’humidité des matériaux devrait être vérifié.

La rédaction

À l’issue des analyses, Nvira a livré un rapport pour chaque résidence. C’est à partir de ces données que la journaliste et la chargée de projets ont pu rédiger le contenu du dossier qui a été publié dans le magazine Verdict santé. 

La même entreprise s’est chargé d’évaluer 14 diffuseurs d’huile, bougies et encens vendus au Québec en mesurant notamment les quantités de particules fines, de composés organiques volatils totaux (COVT) et de formaldéhyde dégagées lors de leur utilisation. Les produits ont été testés dans une pièce fermée, où aucune ventilation n’était présente et où les fenêtres étaient closes.

C’est aussi elle qui a mesuré la quantité de COVT et de particules fines émise lors de l’utilisation de nettoyants tout usage, sur une période définie et simulant le nettoyage de plusieurs surfaces de bureaux.
Dans les trois résidences que nous avons visitées, aucun problème majeur n’a été détecté. Par contre, nous en avons observé quelques-uns qui y affectaient la qualité de l’air. Pour les parfums d’ambiance et les nettoyants tout usage, les tests ont montré que certains produits émettent davantage de contaminants que d’autres. 

Agnès Delavault, directrice de contenu
Avec l’aide de Capucine Cloutier, chargée de projets

Protégez-Vous et Verdict santé

Photos Protégez-Vous


Résidence 1 : Taches de moisissures visibles sur le mur
 
Résidence 2 : Zone de matériaux humides en bordure de la toilette
 
Résidence 2 : Structures de bois sèches mais détériorées par l’eau.

  • Vous avez un commentaire

    Pour toutes questions et commentaires, veuillez nous écrire à blogue@fsaa.ulaval.ca