Gaspillage alimentaire pendant les fêtes
Chaque année, les fêtes riment avec des repas copieux, des buffets abondants. Mais derrière cette abondance se cache une réalité inquiétante : une grande partie de la nourriture préparée finit malheureusement à la poubelle. Au Québec, les études estiment qu’environ 28 % des aliments produits dans les ménages sont gaspillés chaque année, et cette proportion augmente encore lors des rassemblements festifs. Ce gaspillage dépasse largement le simple fait de perdre de la nourriture : il entraîne des impacts environnementaux significatifs en termes de gaz à effet de serre et de consommation inutile de ressources agricoles, des pertes économiques considérables pour les familles et, sur le plan social, il représente un paradoxe face aux besoins alimentaires de certaines populations vulnérables. Autrement dit, derrière les festivités se cache une problématique complexe qui mérite toute notre attention et des solutions concrètes.

Pourquoi gaspillons-nous autant ?
Le gaspillage alimentaire résulte de multiples facteurs liés à nos habitudes et à notre organisation :
- Surproduction par habitude : la peur de manquer conduit souvent à préparer plus que nécessaire.
- Portions trop généreuses : Des portions généreuses favorisent les restes non consommés.
- Conservation inadéquate : reste alimentaire mal stockés ou mal ré-utilisés.
- Méconnaissance des dates de péremption : beaucoup de produits sont jetés alors qu’ils sont encore comestibles.
Les recherches en sciences de la consommation montrent que des gestes simples et ciblés peuvent réduire le gaspillage de manière significative. Parmi les stratégies les plus efficaces :
- Planification des repas : préparer les quantités exactes selon le nombre de convives réduit les surplus.
- Réutilisation des restes : transformer les excédents en nouvelles recettes (soupes, salades, quiches) ou les congeler pour une consommation ultérieure.
- Éducation et sensibilisation : les consommateurs informés adaptent mieux leurs comportements alimentaires et leurs achats, réduisant ainsi le gaspillage.
- Gestion des stocks alimentaires : ranger les aliments de façon stratégique pour utiliser en priorité ceux proches de la date limite, et comprendre la différence entre « à consommer jusqu’au » et « à consommer de préférence avant ».
Pourquoi l’expertise scientifique est utile ?
L’analyse scientifique permet de comprendre quels gestes ont réellement un impact, au-delà des conseils génériques. Par exemple, certaines études montrent que la planification précise des repas permet de réduire de 20 à 30 % le gaspillage domestique, tandis que la réutilisation créative des restes diminue encore les pertes et encourage une alimentation variée.
Par où commencer lorsqu’on reçoit famille et amis pour un repas des fêtes réussi, sans « gaspi » ?
Voici quelques astuces pour intégrer les rudiments de la planification des repas des fêtes et la réutilisation des restes. En plus de prévenir le gaspillage, ces stratégies peuvent aider à économiser…et à bien digérer !
- Le budget comme point de départ : prévoir le montant alloué par portion (minimum 5$/portion ) et choisir les recettes en fonction du budget. Cliquer ici pour des idées de menus de 5$ à 15$ par portion.
- Pour une épicerie réussie : lister les ingrédients à acheter et vérifier les aubaines. Éviter d’avoir faim au moment de faire les courses pour diminuer les tentations d’achats impulsifs !
- Le « timing » parfait pour éviter de gaspiller…et mieux digérer : débuter le repas par des bouchées ou une entrée à base de légumes favorise leur consommation, sachant qu’ils font partie des aliments les plus gaspillés. En plus, les convives auront encore faim pour la suite du repas ! Aussi, espacer les services laisse le temps d’évaluer notre faim…ainsi que la quantité d’aliments suffisante pour la combler.
- Affamer son compost et plutôt nourrir ses amis : mettre uniquement le contenu non consommé des assiettes au compost, car vous aurez veillé à rapidement réfrigérer (max 2hres) les aliments non servis pour pouvoir les donner aux invités (suggérer d’apporter des contenants) ou aller les porter au frigo communautaire le plus près.
- Encore des restes ? : en cas de manque d’inspiration « post-réveillon », voici plusieurs suggestions de délicieuses recettes simples à cuisiner comme une omelette concoctée grâce à vos restes de crudités, de charcuteries et de fromages, en passant par des croûtons maison, ou encore par des tostadas revisitées à base de dinde, il ne restera plus qu’à relaxer !
Assiettes, fourchettes, serviettes et alouette : prévenir l’utilisation du jetable quitte à emprunter de la vaisselle et demander de l’aide pour la laver !
Amina Souilem, Doctorat sur mesure à l’Université Laval
Amélie Parenteau, Nutritionniste de formation et Maîtrise Chantier d'avenir en sécurité alimentaire à l'Université Laval
Références
Alima. (2025, avril). Coût du Panier à provisions nutritif et économique. https://centrealima.ca/media/1eecnc0u/couts-agesexe_avr2025-1.pdf
Bachan, O. (2021, 1er déc.). Recevoir la famille pour le repas sans ruiner. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/ nouvelle/1843873/repas-fetes-budget-invites
O’Gleman, G. (s.d.). Cuisiner avec les restes du réveillon. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/mordu/inspirations/1510/cuisiner-restes-reveillon-noel
Recyc-Québec. (2022). Pertes et gaspillage alimentaires : un premier portrait pour le Québec. Québec : Recyc-Québec.
Sauve ta Bouffe. (2022). Gaspillage alimentaire : pertes et coûts pour les ménages.
Sauve ta Bouffe. (s.d.). Répertoire des frigos communautaires du Québec. https://sauvetabouffe.org/boite-a-outils/repertoire-des-frigos-communautaires-du-quebec/
SQDR. (2022). Le gaspillage alimentaire en chiffres.